L'ACOI, Association des Chercheurs de l'Océan Indien et la lettre d'informations ARH, Actualités de la Recherche en Histoire, Madagascar- Iles de l'Océan Indien. Des recensions bibliographiques, des témoignages et des informations pour satisfaire votre curiosité.
19.12.06
Vient de paraître
5-7, rue de l'École Polytechnique 75005 Paris
Collection Inter-National
26,50 euros
310 pages
ISBN: 2-296-00974-3
ESCLAVES DE LA CANNE À SUCRE : ENGAGÉS ET PLANTEURS À NOSSI-BÉ,
MADAGASCAR 1850-1880
Jehanne-Emmanuelle MONNIER
Préface de Vincent Joly
1848 : la fin de l'esclavage?
Le décret d'abolition a-t-il véritablement fait disparaître cette pratique dans les colonies
françaises? Si la portée hautement symbolique de ce texte est acquise, son efficacité réelle et immédiate laisse dubitatif. Le sort réservé aux engagés africains dans la seconde moitié du XIX' siècle reste souvent trop proche de celui des esclaves et les mentalités évoluent trop lentement pour que l'on puisse considérer 1848 comme une rupture définitive ou irréversible.
Aux confins du domaine colonial français, dans l'Océan Indien, la petite île de Nossi-Bé fait partie de ces territoires marginalisés par l'administration mais situés au cœur d'une zone traditionnelle de traite des Noirs. Colonisée par des tenants du profit sans scrupule, Nossi-Bé se révèle un lieu propice à la poursuite de la traite et de l'esclavage et développe ainsi une société de plantation originale et paradoxale, d'un conservatisme criminel et pourtant avide de certains progrès.
ne sucrière comme tant d'autres, Nossi-Bé se distingue néanmoins par son organisation sociale d'un autre âge. La vie quotidienne, les espoirs et la conception du monde de ses habitants, qu'ils soient planteurs ou engagés, y prennent un caractère singulier.
Ce livre propose une approche d'une réalité trop souvent oubliée, en considérant aussi bien
les engagés africains que les planteurs sucriers.
Un jalon supplémentaire et remarquablement documenté dans notre connaissance de
l'esclavage et de la colonisation française.
..
J.-E. MONNIER est diplômée de l'Université de Rennes 2 (mas ter d'histoire). Elle a réalisé des recherches sur la navigation arabe dans l'Océan Indien de la fin du Moyen Age à l'hégémonie portugaise. Elle a consacré son mémoire de maîtrise aux multiples implications de l'engagement des Africains dans les colonies européennes de l'Océan Indien au XIXè siècle, à travers l'étude des trafics entre Arabes, Portugais, Français et Britanniques.
..
TABLE DES MATIERES
PREFACE INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
NOSSI-BE, UNE ILE AU CONFLUENT DE PLUSIEURS MONDES
Chapitre 1 : L'arrivée des Français à Nossi-Bé
Chapitre 2 : La décennie 1850 : naissance d'une véritable colonisation française à Nossi-Bé
DEUXIEME PARTIE
LA SPECIFICITE DES COLONS NOSSI-BEENS
Chapitre 1 : Une génération homogène de planteurs sucriers
Chapitre 2 : Nossi-Bé entièrement remodelée par les planteurs sucriers
TROISIEME PARTIE
LE RECRUTEMENT DES ENGAGES DE LA CANNE A SUCRE
Chapitre 1 : Le cadre légal du recrutement pour le Réunion et Nossi-Bé
Chapitre 2 : La réalité des engagements dans le Canal de Mozambique
Chapitre 3 : Nossi-Bé au cœur du trafic d'êtres humains
QUATRIEME PARTIE
VIE ET TRAVAIL SUR LES PLANTATIONS DE CANNE A SUCRE
Chapitre 1 : La gestion d'une habitation sucrière à Nossi-Bé
Chapitre 2 : La difficile condition des engagés africains sur les habitations sucrières
Chapitre 3 : Les relations entre planteurs et engagés
CINQUIEME PARTIE
LA POURSUITE DE L'ESCLAVAGE A NOSSI-BE
Chapitre 1 : La définition de 1 'homme libre et de l'esclave au centre des débats sur la condition des engagés africains de Nossi-Bé
Chapitre 2 : La situation sociale de Nossi-Bé, conséquence de l'inertie des mentalités esclavagistes
CONCLUSION Sources Bibliographie Annexes
12.6.06
Du nouveau sur l'histoire de l'architecture à Madagascar
Les connaissances sur l’architecture malgache se basent sur des monographies historiques ou des études d’urbanisme qui remontent pour l’essentiel à la fin de l’époque coloniale ou aux années 70. Il manquait un travail de synthèse et d’actualisation des connaissances au vu des recherches et travaux réalisés depuis par des équipes locales ou internationales d’architectes ou d’urbanistes. C’est le grand mérite de l’auteur que d’avoir ressuscité l’intérêt d’un domaine d’études qui souffre par ailleurs des aléas de la paupérisation de l’île et des violences politiques (destruction criminelle du centre monumental dit du « Palais de la reine » en 1995). Si la question de la patrimonialisation se pose aujourd’hui avec acuité (voir les enquêtes d'urbanisme de chercheurs comme Catherine Fournet-Guerin), c’est bien parce que des pertes irrémédiables se multiplient depuis les années 80 par manque d’entretien et sous l’effet de la bidonvillisation accélérée de l’espace urbain. Comme l’indique l’auteur et comme le rappelle la postface de F. Rajaonah, il y a urgence…
L’approche des conditions politiques, matérielles, techniques et économiques de la production de l’architecture constitue l’ossature du livre. L’objectif de l’auteur est de démontrer la place centrale occupée par l’architecture comme instrument de pouvoir et facteur d’ordre social. Somme toute, cette perception du rôle politique et social de l’architecture est classique.
Mais elle s’applique ici à un Etat et une société dont un des ressorts du dynamisme est justement de s’approprier le rapport à l’étranger. Celui-ci est fournisseur de concepts, de méthodes et de technologies et intervient comme un élément de médiation dans les rapports de pouvoir. Si l’étranger joue un rôle essentiel dans la diffusion et le renouvellement de modèles architecturaux ou de modes comportementales, il se trouve en situation de complémentarité avec les usages locaux. L’apport étranger n’élimine pas les modalités anciennes de la représentation de l’espace, il ne se substitue pas non plus à des formes de la structuration d’un espace politico-économique où, par tradition, l’acte de construction s’inscrit dans une logique de contrôle de l’espace et des hommes. S’engagent plutôt des échanges dialectiques entre usages locaux/apports extérieurs jouant entre autres des rivalités de pouvoir entre souverains et oligarchie. Le débat tradition/modernité ou autochtonie/allogénéité est renouvelé et débouche sur un constat de mixage, de compromis et d’adaptation syncrétiques tout au long du XIXème siècle que l’auteur s’attache à définir avec précision et persévérance. En démêlant l’apport des uns et des autres, la part des constantes et des innovations, l’auteur donne un tableau vivant et convaincant des mutations du pouvoir et de la société de l’Imerina au XIXe s. L’analyse apporte, en outre, des éclairages précis sur ce qui est le paradoxe de l’histoire royale de l’Imerina : le transfert de pouvoir des monarques à une oligarchie de haut bourgeois christianisés dont l’analyse a été renouvelée par F. Raison Jourde. L’auteur aborde aussi bien la dimension anthropologique des systèmes de pouvoir dans la symbolique et la représentation de soi à travers la construction des demeures, leur localisation, leur mise en valeur (leur visibilité et leur lisibilité dans la masse urbaine), ainsi que des questions de fond sur l’économie malgache de l’époque royale ou l’étude des structures sociales de la capitale, du côté des propriétaires comme des artisans.
Les premiers chapitres concernent l’étude des constructions royales d’Andrianampoinimerina et de ses successeurs. Alors que le règne du fondateur de la dynastie est d’imposer son pouvoir par une mise en concordance de ses demeures avec les espaces sacrés et symboliques de l’Imerina (ordre cosmologique de la maison, assignation spatiale des groupes sociaux selon leur rapport de proximité avec le souverain, réplication d’un même modèle de site perché à travers le royaume), ses successeurs optent pour des voies de compromis avec les étrangers. Radama Ier est le plus révolutionnaire et opportuniste, qui choisit sciemment d’introduire les étrangers dans sa logique de pouvoir. Les créations du roi se démarquent par des constructions originales (Maison d’argent à miroirs et décor de fresques) et expérimentales (changement d’échelle des constructions, opérations d’aménagement urbain), mêlant les innovations technologiques (toits en bardeaux, varangues, décor intérieur) au maintien des permanences architecturales.
Ranavalona Ière, plus sélective dans ses rapports avec les Européens, a le soin de l’affirmation de la royauté à travers des structures résidentielles et des palais marqués par le gigantisme et l’emphase. C’est le fameux Manjakamiadana construit par le non moins célèbre Jean Laborde.
La rupture introduite par le christianisme (1869) est une désacralisation de l’espace urbain royal au profit des paroisses et une captation de l’autorité au profit des familles des puissants. Gravitant autour du Premier ministre, époux successif des trois dernières reines, ces familles s’arrogent pouvoir et prestige par des choix architecturaux où le compromis avec l’étranger, désormais intégré, est un instrument de classement et de reclassement social. Les grands du royaume et les officiers du palais (l’administration royale) comme les gouverneurs rapatriés de leur service dans les provinces du royaume rivalisent dans l’interprétation du modèle de la trano sokera ou maison en équerre (en forme de L), importée par les missionnaires. La fièvre des années 1870-1880 donne à Antananarivo, notamment dans la partie appelée la Haute ville, sa configuration actuelle et aux familles aisées un surcroît de réputation.
L’économie domestique qui se développe à partir de cette époque permet à l’auteur de définir l’impact du christianisme au quotidien par la diffusion des modèles d‘habitation d’inspiration missionnaire et des modes comportementales propres à la bourgeoisie d’Antananarivo. Ce transfert au niveau du privé est induit par la composition de l’habitation (salon de réception, chambres, cuisine, communs), sa relation à l’extérieur (orientation, localisation), sa morphologie (varangue, véranda, ouvertures, disposition des pièces). Une nouvelle société, plus intime, repliée sur le cadre familial se manifeste où les maîtresses de maison et les esclaves sont les acteurs indispensables.
Enfin l’auteur aborde l’étude du « marché » de la construction dans les derniers chapitres, révélant l’existence des corps de métier (briquetiers, charpentiers), les modes de construction et le fonctionnement des chantiers. On apprend ainsi que le mot désignant l’architecte tompomarika est le seul terme européen ayant son équivalant en malgache (p. 249). A ce titre, il trace la biographie et l’apport respectif des architectes anglais, français ayant laissé leur nom dans l’histoire malgache. Des plus célèbres aux plus modestes, il est intéressant de savoir que quelques-uns d’entre eux sont des créoles de l’océan Indien, médiateurs de formes et procédés empruntés à l’Inde comme aux îles voisines. Par ailleurs, l’auteur révèle l’existence d’architectes, de constructeurs malgaches auxquels il convient dorénavant de faire une place dans l’histoire de la construction. Enfin, l’auteur distingue dans les années 1880 l’émergence de la propriété privée (et non plus familiale et collective : en annexe, testament de Ravoninahitriniarivo) et sous la pression des Européens, l’amorce d’une économie immobilière spéculative (locations puis confiscations par l’occupant).
Travail d’une réelle densité de contenu, aux nombreuses figures (133 dans le texte) et un carnet de photos N et B et couleurs, accompagné d’une liste des propriétaires en annexe, on sera plus surpris par l’absence au moins d’un index des lieux qui aurait pu être associé, par exemple, à la liste de propriétaires. Plus gênant, le dispositif de référencement utilisé (les notes en bas de pages et les renvois bibliographiques), s’il est appréciable par sa légèreté, semble manquer de cohérence tout au long du texte.
Ce travail appelle de nouvelles recherches et en particulier à une anthropologie historique de l’espace qui se retrouve dans tous les sites perchés de Madagascar ainsi que dans les lieux de contact (ports, anses, lieux de débarquement/embarquement), dans les lieux cérémoniels (plages des bains des reliques royales, maisons et autels reliquaires, places et esplanades royales, arbres sacrés) où les hommes et les hiérarchies sociales sont des marqueurs de l’espace. Il pourrait encourager les archéologues malgaches à des prospections voire de véritables fouilles sur les rova (enceintes royales). Mais comme le rappelle l’auteur, ce sont aujourd’hui des sites sacrés régulièrement fréquentés.
18.5.06
Quand la Réunion s'appelait Bourbon
Quand
Michèle Dion, expert démographe et docteur en démographie, actuellement maître de conférences en démographie au département de Sociologie de l'Université de Bourgogne, est par ailleurs l'auteure d'une thèse de démographie de 3e cycle soutenue en 1989 dont le sujet portait sur l'étude de la population de Grand Ilet (cirque de Salazie).
L'objectif de l'auteure est, à partir de la méthode classique de la reconstitution des familles, d'étudier le sort des premiers apports de population libre et esclave, leur mise en place dans l'île et les inflexions introduites par l’économie sucrière. Elle s'appuie sur les plus anciens dénombrements connus et souligne les limites de ces sources.
L'introduction sert à placer le cadre historique de l'étude puis le corps de l'ouvrage est divisé en trois parties cohérentes avec les données archivistiques :
- "Le peuplement jusqu'en 1719", permet de suivre les primo arrivants d'individu à individu et leur destinée démographique.
- "au recensement de 1733", cerne l'inflexion majeure de l'histoire de l'île avec, pour la première fois, une proportion d'esclaves supérieure à celle des hommes libres.
- "Les recensements de 1744, 1752 et 1779", affinent les mutations des rapports entre esclaves, libres et marrons et fait apparaître le clivage riches/pauvres en rapport avec l'esclavage.
Le livre comporte deux ensembles, un texte de 123 pages et un appareil d'annexes abondant, comportant des listes démographiques et des tableaux de reconstitution des généalogies familiales, des extraits de récits de voyage ainsi que le Code noir de 1724.
L'ouvrage est soutenu par deux questionnements imbriqués qui soulignent l'originalité du peuplement de
Alors que les Français cherchent à s'établir à Madagascar pour en faire une colonie de peuplement,
Les premiers arrivés, le 9 juillet 1665, sont suivis par les rescapés des combats contre les peuples malgaches. Les premiers couples formés sont, à égalité, les uns mixtes, les autres constitués d'Européens. les générations suivantes optent, soit pour des alliances avec des métisses, des Indiennes ou des Malgaches, soit pour des alliances privilégiant les Européennes. L'auteure repère que le mariage entre non métis est majoritaire dès le départ. Il y a donc introduction d'une barrière raciale.
La présence des esclaves est elle aussi attestée dès le début. Quoique les sources ne les désignent que par les noms de nègres et négresses du Roy ou nègres et négresses de Madagascar ou encore domestiques, ils sont présents, mais en petit nombre. Il s'agit bien des premiers occupants de l'île qui font souche sur place. L'auteure souligne qu'il n'y a pas d'autres éléments pour les identifier, ils ne sont pas nommés individuellement et n'apparaissent sous cette appellation d'esclaves qu'à partir des recensements de 1705-1709. En 1705, les esclaves sont au nombre de 365 avec une proportion de Malgaches à hauteur de 53 %. A partir de
L'auteure rappelle que de ce fait, très tôt, dans les familles métisses, les esclaves et l'un des membres du couple ont la même origine géographique. Elle fait encore observer que la proportion d'esclaves dans la population croît plus vite dans ces années-là alors que le développement de l'île est à peine entamé. En 1733, les esclaves sont dix sept fois plus nombreux qu'en 1709. Par ailleurs, l'esclavage concourt à modifier les rapports sociaux en tant que facteur de paupérisation pour les premières familles vis -à -vis des nouveaux arrivants. Enfin, c'est à partir du recensement de 1733 qu'un autre phénomène structural s'ancre dans la démographie réunionnaise : les esclaves sont pour la première fois quatre fois plus nombreux que les libres.
Ce recensement de 1733, malgré des lacunes et l'impossibilité qu'il y a désormais de suivre les reconstitutions de famille, apporte un éclairage sur la diversification de la population réunionnaise. Sont ainsi repérés les commandeurs, chargés de surveiller les esclaves sur les plantations. Sont mentionnés aussi les esclaves marrons et les affranchis. Enfin, la catégorie des petits Blancs des Hauts se distingue. Elle est donc bien antérieure à l'abolition de l'esclavage même si ces réfugiés dans les Hauts de l'île sont associés dans la mémoire collective à la concurrence causée par l'arrivée des affranchis sur le marché du travail.
L'ouvrage de M. Dion, rapide et précis sur la population réunionnaise, fournit les données pertinentes s'agissant du peuplement initial de
Ceci est à mettre en perspective avec les mutations de la société coloniale réunionnaise au XIXe siècle. Le décret d’abolition de l’esclavage du 4 mars 1848, mis en oeuvre par Sarda Garriga, a des contre-coups majeurs dans l’histoire de l’île, tels la fixation des affranchis dans les hauts de l’île et le développement de l’engagisme dans les années 1860. Ce sont des faits historiques en résonance avec des questions plus contemporaines, identitaires et mémorielles, auxquelles cet ouvrage contribue à travers les données généalogiques supportées par les reconstitutions familiales. On trouvera aussi des parallèles à faire avec les travaux qui ont affiné les connaissances sociales et anthropologiques de la population réunionnaise comme ceux de Sudel Fuma ou Hubert Gerbeau.
Michèle Dion, Quand La Réunion s'appelait Bourbon, Collection Populations, Géographie Démographie Histoire Océan Indien, Paris, L'harmattan, 2006, 226 p.
30.3.06
L'histoire de Madagascar au fil du web
Il se doit de présenter toutes ses excuses à l'égard de ceux qui n'étant pas cités pourraient se sentir injustement mis à l'écart. Telle n'est point son intention. Bien au contraire, ce que souhaite l'auteur, c'est apporter une visibilité supplémentaire à ceux qui oeuvrent à faire connaître l'histoire de Madagascar et permettre aux uns de trouver ce que les autres ont de meilleur et d'intéressant à faire savoir. De même, signaler de manière critique un contenu n'est pas chercher à le dévaluer mais le replacer dans un contexte.
Qui plus est, en dépit de l'intérêt inégal des sites au regard des préoccupations des uns et des autres, le propre de l'historien d'aujourd'hui est de faire flèche de tout bois. Le web offre à la fois du contenu (textes, photos, sons), des questionnements (qui fait quoi, à quel moment) dont la mise en relations est affaire d'historien. Dans le fourmillement et la cacophonie ambiants, un brin d'éclaircissement historique apporte des clés d'explication supplémentaires. Devant se préoccuper de l'authenticité et de la fiabilité des données qui circulent, l'historien peut profiter de la dynamique créée par les créateurs de sites pour soupeser, évaluer, mettre en perspective l'ensemble des informations fournies.
Cette chronique est donc une première approche critique du contenu des sites touchant de près ou de loin l'histoire de Madagascar.
Il va sans dire que les contenus historiques proposé sur le web abondent dans le sens d'une histoire officielle, légitimée par les sites institutionnels, reprise avec des allègements ou des découpages arbitraires par les sites commerciaux ou personnels. Peu de voies/voix discordantes ou originales. L'uniformisation est-elle l'indice d'une paresse intellectuelle, d'un affadissement de la nouveauté, d'une pléthore de la pacotille, de la pesanteur des habitudes ? Car le fonds de la plupart des informations historiques remonte à l'époque… coloniale. Soit à une culture de l'histoire léguée depuis le XIXe siècle du temps de l'occupation française, de la création de l'Empire colonial et de la défense de la République. Peut-on continuer à faire de l'histoire de Madagascar sur ces bases ? Alors qu'une école historique malgache existe à Madagascar même ?
A l'usage, un contenu historique sérieux et intéressant existe sur le web. C'est à sa compréhension autant que son repérage que vous êtes invité.
(A suivre…)
29.3.06
Histoire du Musée de Madagascar (Montélier, Drôme, France)
C’est l'histoire de Suzy Cérézo né Chandoutis Razafindramady d'une grande famille de la région de l'Itasy, Ambalavato Soavinandriana à 180 km d'Antananarivo.
Elle connaîtra l'école tardivement avec ses six frères et sœurs quand ses parents décidèrent de venir à la capitale. Tous avaient alors entre huit et quinze ans. Ce fût pour eux un grand dépaysement, la découverte de grandes maisons avec beaucoup de lumière, la foule immense et surtout l'école pour la première fois. Quel contraste avec son village natal où tout paraissait bien plus simple!
Elle supporte mal l'école et s'installe comme vendeuse dans le magasin de son père. Le clan familial très fermé et très strict l'amène à rêver de liberté et naïvement elle pense qu'une fois mariée elle serait libre.
A 19 ans elle franchit le cap avec un jeune militaire. Son père, éternel investisseur, crée une rizerie en pleine brousse à Antanetibe et leur en donne la responsabilité. Elle était loin de penser qu'elle allait vivre huit années dans la brousse. Cette vie d'isolement a été très dure sans eau courante, sans électricité, sans école pour ses enfants.
Le mari français, pas du tout préparé à cette vie, n'a pu tenir plus longtemps et décide de rentrer en France. Elle est ravie ; connaître la France, ce pays de rêve, c'est magique. Mais le rêve se transforme en cauchemar. Elle arrive de sa brousse à Marseille en plein hiver, après un mois sur le bateau. Puis Lyon où il fait très froid, avec le ciel gris, et surtout la découverte de la neige.
C'est là que tout commence. Tristesse et nostalgie, mal du pays la poussent à peindre de mémoire les paysages de son pays. Sa main guidée par on ne sait qui n'arrête pas et les toiles se succèdent pleines de couleurs de là-bas. Jusqu'au jour où une vieille dame la prend en affection comme sa fille et lui conseille, avec son aide de réaliser une exposition dans le vieux quartier St Jean à Lyon dans la salle des «Amis de Guignol».
Elle avait agrémenté cette exposition avec quelques objets malgaches personnels qu’elle baptise «Exposition d'Art Malgache». Cette première fût réalisée en présence de Monsieur le Général Sève, adjoint de Monsieur Pradel, Maire de Lyon et bien d'autres personnalités ainsi que la presse. Ce fût un succès : vente de ses tableaux, passage de la presse à son domicile et à la télévision, demande des villes autour de Lyon, rencontre avec le député Charret, etc..
Le succès et l'intérêt du public l'ont entraînée à présenter cette exposition dans environ 200 villes de France. Elle n'oublie pas l'accueil très sympathique, non seulement du public mais de toutes les municipalités qui lui ont apportées leur soutien. En trois jours d'exposition dans chaque ville plus de 600 visiteurs en moyenne, surtout des scolaires.
C'est seulement à partir de 1974 qu'elle a pu vraiment commencer à étudier son pays par des voyages annuels en parcourant toute l'île : s'arrêtant dans les villages pour des contacts avec la population et apprendre la signification des objets et des traditions de chaque ethnie, en s'adaptant aux dialectes qui sont assez différents de la langue officielle des Hauts plateaux, en effectuant des circuits très durs pour une femme, partant ainsi à l'aventure en taxi brousse en très mauvais état, l'obligeant parfois à passer les nuits sur les routes ou dans des cases.
Gros problème également pour acheminer petit à petit des objets et obtenir les autorisations, etc... Heureusement aidée par ses parents qui ne comprenaient pas trop cet acharnement à vouloir tout emmener en France et dépenser tant d'énergie et d'argent. ..
Puis, seule avec quatre enfants et fatiguée de tous ces parcours, elle eut l'idée de faire un musée fixe et permanent.
Elle a pu le réaliser par la suite avec son second mari, Jean Pierre Cérézo à Saint Donat, en 1978, et son père Ange Cérézo. Tous les trois se sont lancés dans la création de ce musée.
A la demande de plusieurs visiteurs, c'est à partir de 1981 qu'elle décide d'organiser des voyages et servir de guide. Cette idée lui a permis de découvrir encore davantage la culture de son pays et de développer sa collection.
21.3.06
L'A.C.O.I. : Association des Chercheurs de l'Océan Indien
Elle a été crée en octobre 1975 par André Hibon de Frohen, fonctionnaire des Télécommunications, docteur de l'université de Provence
- pour permettre la rencontre entre les "non universitaires" et les spécialistes de l'Océan Indien et des pays riverains
- pour faire connaître et susciter les recherches historiques, démographiques, ethnographiques, géographiques, économiques, jurididiques et plus généralement les études en sciences humaines.
Ses présidents ont été successivement :
- André Hibon de Frohen 1975-1988,
- Jean Louis Miège 1988-1991,
- Yvan G. Paillard 1992-1999,
- Chantal Valensky depuis 1999 et dont le mandat a été renouvelé en 2003.
Depuis la restructuration des études africaines et indianocéaniques en 1999, l'association est rattachée au CERSOI (Centre d'Etudes et de Recherches sur les Sociétés de l'Océan Indien) de l'Université Aix Marseille III.
L'activité de l'association est de soutenir les publications relatives à l'océan Indien.
Elle a publié la collection "Peuples et pays de l'océan Indien" entre 1976 et 1996 , au total 13 ouvrages.
Elle a contribué à l'accroissement du fonds d'ouvrages de la bibliothèque de l'Institut d'Histoire des Civilisations Comparées.
Depuis 1992, elle assure la réalisation et la diffusion d'une lettre d'informations :
- le BIHM, Bulletin International d'Histoire Malgache-International Bulletin of Malagasy History de 1992 à 1994, 5 numéros
- devenu ARH, Actualités de la Recherche en Histoire (Madagascar et îles de l'océan Indien) de 1995 à 2000, 6 numéros.
14.3.06
Colloque du 23 au 25 novembre 2006 : Les élections législatives et sénatoriales Outre-mer 1848-1981
Nantes, Musée Dobrée, amphithéâtre.
Les interventions prévues :
Éric ANCEAU, La place des colonies dans la loi électorale du 15 mars 1849
Frédéric ANGLEVIEL, La Nouvelle-Calédonie. Une colonie de peuplement sans électeurs
Catherine ATLAN, Fraudes et violences électorales au Sénégal(1900-1960) : genèse d’une tradition politique à l’époque coloniale
François AUDIGIER, 47061 voix sur 47236 votants, le triomphe suspect de Pierre Dupuy aux législatives de 1936 aux Indes françaises. La validation d’un simulacre de démocratie
Pascal BASSE, La participation des communistes aux élections législatives et sénatoriales à la Réunion des années 1920 à 1959
Jacques BINOCHE, Représentation coloniale aux Chambres, corps électoraux et mœurs électorales sous la Troisième République
Jacques CANTIER, Les élections législatives des années vingt en Algérie (1924-1928) : déroulement, analyse et impact sur la vie politique locale.
Omar CARLIER, Le MTLD et les élections de 1946-1948 en Algérie
Laurent CÉSARI, Blancsubé, député de la Cochinchine
Dominique CHATHUANT, Gratien Candace, candidat (1910-1938) ou
Tracts électoraux en Guadeloupe (1934-1936)
Yvan COMBEAU, Les législatives de juin 1981 à la Réunion : «dissoudre la présidentielle »
Catherine COQUERY-VIDROVITCH, L’évolution du corps électoral africain en AOF : la place des femmes, 1950-1960.
Yves DENÉCHÈRE, Comment parle-t-on d’Europe dans les campagnes électorales des DOM-TOM ?
Léo ÉLISABETH, Les élections législatives de 1928 en Martinique
Prosper ÈVE, Les élections de 1849 à la Réunion (sujet provisoire)
Jean FREMIGACCI, Les élections à Madagascar de 1945 à 1956
Sudel FUMA, Les élections législatives de 1871 à la Réunion (sujet provisoire)
David GAGNEUR, Groupes d’intérêts et formulation d’exigences lors des élections législatives et sénatoriales entre 1870 et1914 à La Réunion.
Gilles de GANTES, Assimilation et autonomie. Les enjeux des scrutins législatifs de Cochinchine sous la IIIe République
Florence GAUTHIER, L’abolition de l’esclavage et l’élection de la députation de Saint-Domingue, août - septembre%
Une lettre d'informations sur la Recherche en Histoire, Madagascar et îles de l'océan Indien
La lettre fournit aussi des renseignements sur les fonds d'archives disponibles et les nouveaux inventaires.
Elle publie les listes de colloques et en fournit des comptes-rendus.
Elle contient des recensions de travaux universitaires, des rubriques bibliographiques, une revue critique.
Elle a remplacé le Bulletin International d'Histoire Malgache-International Bulletin of Malagasy History (B.I.H.M.) depuis 1995.
Au total, dix numéros sont parus depuis 1992.
La dernière publication papier date de 2000 avec le n° 6.
Sa diffusion est assurée grâce à l'A.C.O.I., l'Association des Chercheurs de l'Océan Indien.
7.3.06
Actualités de la recherche en histoire Madagascar-îles de l'océan Indien
Plus de 200 références bibliographiques pour la période 2002-2005.
4.3.06
L'histoire de Madagascar et de l'océan Indien
L'ACOI, Association des Chercheurs de l'Océan Indien
responsable de l'édition de la lettre d'informations ARH, Actualités de la Recherche en Histoire, Madagascar- Iles de l'Océan Indien
relance les activités de l'association par la publication d'un nouveau numéro des ARH, en cours de réalisation.
L 'adhésion à l'association est fixée pour les particuliers à 10 euros, pour les institutions à 40 euros, à l'ordre de l'ACOI.
Merci encore de votre soutien.
28.2.06
S'informer sur l'histoire de Madagascar
26.2.06
ARH Actualités de la Recherche en Histoire, Madagascar- Iles de l'Océan Indien
Pour vous tenir informé sur l'histoire de Madagascar,
utilisez
les ARH
Actualités de la Recherche en Histoire, Madagascar- Iles de l'Océan Indien
plus de 200 références bibliographiques...
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