Surprenant de trouver un Musée de Madagascar, ici, dans la Drôme. Beaucoup se demandent pourquoi et comment. C'est l'histoire de toute une vie et le résultat d'un effort constant et acharné qui a permis d'y parvenir.
C’est l'histoire de Suzy Cérézo né Chandoutis Razafindramady d'une grande famille de la région de l'Itasy, Ambalavato Soavinandriana à 180 km d'Antananarivo.
Elle connaîtra l'école tardivement avec ses six frères et sœurs quand ses parents décidèrent de venir à la capitale. Tous avaient alors entre huit et quinze ans. Ce fût pour eux un grand dépaysement, la découverte de grandes maisons avec beaucoup de lumière, la foule immense et surtout l'école pour la première fois. Quel contraste avec son village natal où tout paraissait bien plus simple!
Elle supporte mal l'école et s'installe comme vendeuse dans le magasin de son père. Le clan familial très fermé et très strict l'amène à rêver de liberté et naïvement elle pense qu'une fois mariée elle serait libre.
A 19 ans elle franchit le cap avec un jeune militaire. Son père, éternel investisseur, crée une rizerie en pleine brousse à Antanetibe et leur en donne la responsabilité. Elle était loin de penser qu'elle allait vivre huit années dans la brousse. Cette vie d'isolement a été très dure sans eau courante, sans électricité, sans école pour ses enfants.
Le mari français, pas du tout préparé à cette vie, n'a pu tenir plus longtemps et décide de rentrer en France. Elle est ravie ; connaître la France, ce pays de rêve, c'est magique. Mais le rêve se transforme en cauchemar. Elle arrive de sa brousse à Marseille en plein hiver, après un mois sur le bateau. Puis Lyon où il fait très froid, avec le ciel gris, et surtout la découverte de la neige.
C'est là que tout commence. Tristesse et nostalgie, mal du pays la poussent à peindre de mémoire les paysages de son pays. Sa main guidée par on ne sait qui n'arrête pas et les toiles se succèdent pleines de couleurs de là-bas. Jusqu'au jour où une vieille dame la prend en affection comme sa fille et lui conseille, avec son aide de réaliser une exposition dans le vieux quartier St Jean à Lyon dans la salle des «Amis de Guignol».
Elle avait agrémenté cette exposition avec quelques objets malgaches personnels qu’elle baptise «Exposition d'Art Malgache». Cette première fût réalisée en présence de Monsieur le Général Sève, adjoint de Monsieur Pradel, Maire de Lyon et bien d'autres personnalités ainsi que la presse. Ce fût un succès : vente de ses tableaux, passage de la presse à son domicile et à la télévision, demande des villes autour de Lyon, rencontre avec le député Charret, etc..
Le succès et l'intérêt du public l'ont entraînée à présenter cette exposition dans environ 200 villes de France. Elle n'oublie pas l'accueil très sympathique, non seulement du public mais de toutes les municipalités qui lui ont apportées leur soutien. En trois jours d'exposition dans chaque ville plus de 600 visiteurs en moyenne, surtout des scolaires.
C'est seulement à partir de 1974 qu'elle a pu vraiment commencer à étudier son pays par des voyages annuels en parcourant toute l'île : s'arrêtant dans les villages pour des contacts avec la population et apprendre la signification des objets et des traditions de chaque ethnie, en s'adaptant aux dialectes qui sont assez différents de la langue officielle des Hauts plateaux, en effectuant des circuits très durs pour une femme, partant ainsi à l'aventure en taxi brousse en très mauvais état, l'obligeant parfois à passer les nuits sur les routes ou dans des cases.
Gros problème également pour acheminer petit à petit des objets et obtenir les autorisations, etc... Heureusement aidée par ses parents qui ne comprenaient pas trop cet acharnement à vouloir tout emmener en France et dépenser tant d'énergie et d'argent. ..
Puis, seule avec quatre enfants et fatiguée de tous ces parcours, elle eut l'idée de faire un musée fixe et permanent.
Elle a pu le réaliser par la suite avec son second mari, Jean Pierre Cérézo à Saint Donat, en 1978, et son père Ange Cérézo. Tous les trois se sont lancés dans la création de ce musée.
A la demande de plusieurs visiteurs, c'est à partir de 1981 qu'elle décide d'organiser des voyages et servir de guide. Cette idée lui a permis de découvrir encore davantage la culture de son pays et de développer sa collection.
L'ACOI, Association des Chercheurs de l'Océan Indien et la lettre d'informations ARH, Actualités de la Recherche en Histoire, Madagascar- Iles de l'Océan Indien. Des recensions bibliographiques, des témoignages et des informations pour satisfaire votre curiosité.
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