L'ACOI, Association des Chercheurs de l'Océan Indien et la lettre d'informations ARH, Actualités de la Recherche en Histoire, Madagascar- Iles de l'Océan Indien. Des recensions bibliographiques, des témoignages et des informations pour satisfaire votre curiosité.

18.4.08

Philibert Tsiranana, Premier président de la République de Madagascar

SAURA André, Philibert Tsiranana, Premier président de la République de Madagascar, Préface de Pierre Vérin,
Tome 1 : A l'ombre de de Gaulle, 382 pages
Tome 2 : Le crépuscule du pouvoir, 344 pages
Paris, L'Harmattan, Etudes africaines, 2006


André Saura s'est pris de passion pour Madagascar à l'occasion de plusieurs séjours professionnels effectués au cours des années 90. Il fût étonné de l'oubli dans lequel était tombé le fondateur de la République malgache. C'est pour réparer cette lacune et selon ses propres termes , "rendre justice aux grands hommes et à l'Afrique" (entretien téléphonique du 14/04/2008) qu'il s'est lancé dans une tâche ardue : reconstituer la carrière d'un homme d'Etat à partir de contacts privés et de sa seule documentation personnelle. On ne peut que louer un tel travail de reconstruction qui lui a demandé sept années de recoupements minutieux et de mise en forme. L'ouvrage d'André Saura, chronique d'une vie présidentielle, replace l’histoire de Philibert Tsiranana dans l’esprit des biographies des grands personnages. Comme son héros, l’auteur est profondément marqué par l’expérience gaulliste. L’esprit général du livre s’en ressent et puise une partie de ses ressources dans les ouvrages de Charles de Gaulle lui-même ou ceux de Jacques Foccart. Dans cette histoire qui s’attache aux personnes, André Saura avoue admirer Ph. Tsiranana, son ingéniosité, sa malice qui le poussent à manœuvrer ses interlocuteurs pour arriver à son but majeur, l’indépendance de l’île. L’ombre tutélaire de De Gaulle rejaillit sur Tsiranana et André Saura passe de l’un à l’autre avec la même admiration.


La période de l'histoire de l'indépendance et des années 70 à Madagascar (Ph. Tsiranana disparaît le 16 avril 1978) a été abordée par les historiens en traitant les problèmes de la société rurale, l’évolution de la presse, de l’école, des rapports entre le politique et le religieux à partir de concepts pour certains issus de l’anthropologie. On peut aussi mettre en avant un autre axe de la production des historiens, celui de l’histoire coloniale. Dans les deux cas, leur point commun est de s’écarter complètement d’une histoire de la personne publique, qui plus est d’un chef d’Etat. Ce genre d’histoire relève plus, en effet, de traditions historiographiques traditionnelles, centrées sur le rôle de l’homme exceptionnel. La difficulté de ce genre est qu’il peut tourner à l’hagiographie plus ou moins consciente, sinon à une complaisance qui correspond à un manque de distance critique vis-à-vis du personnage étudié. Mais on ne reprochera pas à un auteur d’entrer en empathie avec son sujet et André Saura se trouve à la limite de l’une et l’autre attitude.

Il est notoire que la personne de Ph. Tsiranana a fait l’objet d’un black-out quasi complet dès sa disparition. Le régime révolutionnaire qui lui succéda avait besoin d’autres héros. Ce furent les combattants de 1947. Pour le régime de Didier Ratsiraka affirmant haut et fort son indépendance et son nationalisme retrouvés et vivifiés par une idéologie communiste alignée sur celui de la Corée du Nord ou de la Chine, Philibert Tsiranana pourtant « Père de l’indépendance » sinon « Père de la Nation » était encombrant en tant que « ray amandreny » dont la carrière à ses débuts devait tout à la puissance coloniale honnie.

L’ouvrage d’André Saura réhabilite de manière détaillée la carrière d’un homme politique méconnu des jeunes générations. Chronique au jour le jour, scrutant les discours officiels ou les déplacements de l’homme politique, André Saura recense la matière d’une vie publique avec obstination. On pourra regretter alors que dans ce parti-pris, tous les faits soient ramenés à un même niveau, les incessants déplacements en province, tel discours à la nation ou allocution aux autorités locales et que se perde ainsi une ligne directrice quelconque. Hormis la phase de l’indépendance où ce suivi à la loupe conforte l’image d’un homme obsédé par son but,les périodes successives perdent de leur vigueur car aucun enjeu majeur n’est cerné, sinon placé sous l’angle de la lutte contre le communisme. Mais de ce point de vue, l’auteur apporte peu d’éléments d’analyse à des faits passablement connus.

A la faiblesse de la méthode s’ajoute un paradoxe : à la description linéaire employée pour les périodes d’activité du président, richement documentées, succède une histoire générale de Madagascar et des successions de régime, de Ramanantsoa à Ratsiraka, sans oublier l’assassinat de Ratsimandrava. Ainsi, en forçant un peu le trait, à partir du moment où Tsiranana est éclipsé du pouvoir, le livre se transforme peu ou prou en une histoire de l’ascension plus ou moins différée de Didier Ratsiraka (près d’une centaine de pages du 2e tome !).

Malgré cette réserve, le livre d’André Saura a déjà un succès d’estime, si l’on se réfère à Wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Tsiranana. L’encyclopédie contributive du net fait une part belle au « Tsiranana d’André Saura » en le citant dans l’article au nom du président malgache.
Les robots d’indexation de Wikipedia ont commencé le repérage du nom de Philibert Tsiranana en mars 2005. Puis des contributeurs humains l’ont enrichi. Une première version de la vie de Ph. Tsiranana circule, assez succincte, jusqu’au 22 décembre 2007. La parution du livre d’André Saura stimule alors l’un des utilisateurs. A la date du 30 décembre 2007 à 14:50 paraît un article totalement revu et dans son contenu et dans sa structure sous le nom de Polaert. Sont ajoutées les références tirées du livre d’André Saura. Aujourd’hui, la page est encore en cours de construction.
L’article de Wikipedia offre une nouvelle vie au « Tsiranana d’André Saura » et une labellisation a posteriori qui en fait un best seller… virtuel, placé au même niveau que l’Encyclopédie Universalis ou que le site de l’Assemblée Nationale (française), pages « Biographies des députés de la IVe République ».

14.4.08

Un récit de vie à découvrir

Payen Catherine, Retour à Madagascar, Paris,L'Harmattan, Carnets de Ville, 2008, 150 p.


Ce livre est l'histoire d'une rencontre : une famille ayant adopté, non sans difficultés, une petite fille malgache, revient sur ses pas à la demande de l'enfant et cherche à saisir la réalité de la "Grande Ile". De Tananarive à Mahajanga en passant par Nosy-Be et Diégo Suarez, ce récit est celui d'un voyage initiatique. Des hauts plateaux à la côte Ouest, un parcours entre ville et campagne, à la recherche d'une identité malgache complexe dans un pays en proie à la grande pauvreté.

13.4.08

Des références bibliographiques sur Madagascar et l'Océan indien

ARH, Actualités de la Recherche en Histoire, Madagascar- Iles de l'Océan Indien
ISSN 1282-0067

Des références bibliographiques concernant l'histoire de Madagascar et les îles de l'Océan Indien

En cours d'actualisation, les références des années 1994-2007

12.4.08

L' ACOI reprend du service

Un coup de plomb dans l'aile, une Grosse Fatigue, une belle endormie, tel était l'état de l'ACOI ces derniers temps. Depuis un bon moment, il faut le dire. De ce fait, l'ACOI se réveille et décide de se mettre en partenariat avec d'autres associations. En premier lieu, Art'eres. Une association lyonnaise, tout fraîche.

Ses buts -d'après ses statuts- est d'être "un centre de ressources et de vulgarisation pour la promotion des arts, de la culture et du patrimoine, en direction de tous les publics pour les initier à la création contemporaine et aux modalités d'action des artistes vivants. Elle propose des démarches d'appropriation et de familiarisation (cours, conférences, visites) en partenariat avec les institutions artistiques et culturelles".
Pour l'ACOI, c'est désormais, un monde neuf qui s'ouvre de cours et de conférences sur l'histoire et l'art de Madagascar . Quant aux expositions, les associations ACOI et Art'eres espèrent vous en proposer sous peu, relatives à l'histoire comme à l'art de Madagascar.

Pour le reste, rien de changé : l' ACOI continue ses recensions de livres sur l'histoire de l'Océan Indien, en général. La prochaine à paraître est bien celle tant attendue sur Philibert Tsiranana d'André Saura.

Par ailleurs, l'ACOI continue de renouveler sa base de données sur la bibliographie de Madagascar. La densité de la tâche repousse cependant la publication du texte, tant qu'un certain nombre indispensable de vérifications n'est pas terminé. A ce titre, l'ACOI lance un appel vibrant aux bonnes volontés. Il s'agit, par une veille électronique et scientifique, de contribuer à la recension, à la vérification et à la correction des références bibliographiques sur tout sujet abordant de près ou de loin l'histoire –comprise au sens très large- de Madagascar et de l'Océan indien. Ce travail est entrepris en marge des cadres universitaires ou des laboratoires officiels mais il s'appuie sur des principes et des démarches scientifiques. Il représente un travail collaboratif et indépendant à des fins scientifiques. Il ne demande pas mieux que d'être soutenu de toutes parts ou de collaborer à des inititatives du même genre. Il nécessite cependant une réelle coordination et un protocole rigoureux partiellement en place. Quant aux moyens techniques, humains ou financiers, ils sont plutôt…étiques.
Pour plus d'informations, reportez vous aux archives de ce blog ou contacter l'ACOI par le courriel : acoi@laposte.net